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Le 1er aout 1914 entre 16h et 17h, le tocsin a résonné dans toutes les villes et tous les villages de France . . . le chef du gouvernement René Viviani venait de décider de la mobilisation générale pour le lendemain, et il y a 100 ans jour pour jour aujourd’hui, la France entrait dans ce conflit qui allait durer plus de 4 ans . . . Les hommes pensaient partir pour quelques semaines, voire quelques mois, hélas il n’en fut rien . . . Quelle famille n’a pas perdu qui un mari, qui un frère, qui un fils . . . ? Cette guerre, j’oserais dire cette boucherie, a fait 1 400 000 morts français, dont environ 30 % des hommes de moins de 30 ans ! Et parmi ceux qui sont revenus combien sont rentrés indemnes ? Peu je pense, car ceux qui ont eu la chance de ne pas être blessés ont été traumatisés à vie . . .

Léon, mon arrière grand père, a fait partie de ceux qui sont revenus, mais blessé . Habitant Norolles un petit village à 8 km, il dut se rendre à Lisieux pour rejoindre le 20 ème Régiment Territorial d’Infanterie . Il avait 37 ans 1/2, et laissait derrière lui sa Femme Victoria, Marie-Madeleine ma grand-mère qui avait presque 9 ans, et Louis son petit frère, à peine 8 ans . . .

 

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A gauche la famille au complet quelques années plus tôt, et à droite Victoria et ses enfants à peu près au moment de la déclaration de guerre .

 

Il resta quelques mois à Saint Cyr l’Ecole d’où il envoya cette carte à ses parents , qui habitaient dans la Manche . . .

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19 octobre 1914
Chers parents
Je suis en bonne santé ainsi que Victoria et les petits qui sont avec moi, ils viennent de passer 15 jours à Saint Cyr . J’espère que vous êtes en bonne santé .
Vos enfants qui vous embrassent.
Léon Véron

 

Le 3 avril 1915, le 4 ème bataillon dont il dépendait fut envoyé sur Verdun, Léon était dans la 13 ème section d’infirmiers militaires, il y était brancardier . Voici quelques cartes envoyées à Marie-Madeleine . . .

 

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Ton petit père qui t’embrasse bien fort, à bientôt .
Léon Véron

Pays où ton petit père a passé en te quittant le 4 avril .
Un gros baiser à sa nénenne, embrasse bien ta petite mère pour moi .
Léon Véron

( Je suppose que nénenne était le petit nom affectueux qu’il lui donnait ! )

 

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24 mai 1915
Ma chère petite Marie-Madeleine
Je vois que tu ne m’écris pas souvent, ça me ferait pourtant bien plaisir d’avoir de tes nouvelles . J’espère d’ici peu recevoir une petite lettre de toi .
Ton petit père qui t’embrasse de tout cœur et qui pense bien à sa petite nénenne .
Un gros baiser lointain .
Léon Véron

 

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15 mai 1916
Mes chers petits
Je vous envoie cette carte avec la vue d’un logement où les officiers logent . Tu vois comme on fait des beaux logements dans les bois .
Votre petit père qui vous embrasse bien fort, embrassez votre petite mère pour moi .
Un gros baiser lointain
Léon Véron

 

Ils passèrent là tout l’hiver 1915-1916, dans la boue jusqu’aux genoux, et logés dans des gourbis de fortune . Durant les mois qui suivirent ils changèrent plusieurs fois de position, et le 29 novembre 1917, Léon fut blessé au bras . Je ne sais quelle fut exactement sa blessure, toujours est-il qu’il passa de longs mois en convalescence au Puy en Velay ( sa dernière carte de là-bas date du 4 octobre 1918 ), et qu’il ne retourna jamais au front ! Voici une des cartes qu’il envoya à Marie-Madeleine, de l’hôpital militaire où il était, il a marqué sa chambre de trois croix . . .

 

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8 février 1918
Ma chère petite nénenne
J’ai bien reçu ta petite lettre qui m’a fait plaisir . Je n’en n’ai pas reçu de ta petite mère depuis celle datée du 2 février, dis-moi si elle est encore souffrante, ça me ferait plaisir de le savoir comme je ne reçois pas de lettre . C’est peut-être plus grave, que ta petite mère ne veut pas me le dire . Je t’envoie l’hôpital où je suis, les croix marquent les fenêtres de ma chambre . Ma santé va toujours bien . Embrasse ta petite mère pour moi .
Ton petit père qui t’embrasse de tout cœur, un gros baiser de loin .
Léon Véron

Deux photos de Léon, une avec ses compagnons d’infortune ( désolée pour la qualité plus que médiocre ! ) il est en haut à droite, et une où il est seul, qu’il a faite faire chez un photographe du Puy . . .

                                                                      

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Léon a été cité au Livre d’Or des “ SOLDATS de VERDUN “ . . .

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. . . et il a reçu cette citation . . .

“ Excellent brancardier, d’un zèle et d’un dévouement parfaits, est un exemple constant de devoir pour tous ses camarades . A été grièvement blessé à son poste le 29 novembre 1917 en assurant son service . “

Général Mordacq

 

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Cette toile est le portrait de Léon fait par Laure Brouardel, artiste peintre et propriétaire du petit château où lui et Victoria étaient jardiniers . Elle ne l’a pas signé car elle n’était pas contente de son travail, il est vrai qu’il n’est pas vraiment ressemblant ! Il trône toujours dans le séjour de ma maman qui ne sait pas si elle va le garder . . . pas de souci, il viendra chez moi !!!

 

Deux autres trésors que je garde aussi très précieusement, son casque et son quart à son nom . . .

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Et bien voila, c’était l’hommage que je voulais rendre à tous ces hommes qui se sont battus âprement et dont beaucoup ont laissé leur vie lors de cette première guerre mondiale . Léon a été un parmi tant d’autres, et il ne s’en est finalement pas si mal sorti . . .

Il est temps pour nous maintenant de partir en vacances, ce sera dans la nuit du 8 au 9, direction la Bourgogne pour une semaine, puis quelques jours en Sologne où nous aurons le plaisir de retrouver Monique et son mari ! Je vous retrouve donc à la fin du mois, en attendant je vous laisse les clés d’Histoires de Roses, faites-en bon usage !!!

Très bel été à toutes !!!