. . . et Dieu sait s’il l’aimait la vie ! Mais là je crois qu’il ne la supportait plus, je l’ai lu dans ses yeux ! La souffrance physique on pense qu’il ne l’a pas ressentie, mais la souffrance morale oui, il savait qu’il allait partir rejoindre ceux qui nous avaient quittés avant lui, Marie-Madeleine et Lucien ses parents, Léon et Victoria ses grand-parents, Odette et Gilbert ses cousins, et puis tous les autres . . . ceux qui l’ont côtoyé tout au long de cette longue vie . . . Il est parti chez lui comme il le voulait, avec la compagne de toute une vie à ses côtés . . .
Quand le téléphone a sonné au milieu de la nuit ce 17 février j’ai tout de suite compris que c’était arrivé . . . Vite j’ai rejoint maman, mon frère est arrivé ensuite, et cette semaine nous l’avons vécue tous ensemble soudés comme les doigts de la main, nous avons fait les démarches bien sûr, préparé la cérémonie, mais nous avons aussi pris du temps pour nous, fait une petite balade à la mer, rien de tel qu’un peu d’air iodé pour se ressourcer . . . Nous sommes allés le voir aussi, il était beau, paisible, presque le sourire aux lèvres comme on l’a toujours connu . . . Et puis le vendredi nous l’avons conduit à sa dernière demeure, le soleil illuminait l’église, il était entouré de fleurs et de tous les gens qu’il aimait . . .
Et le dimanche soir chacun a repris sa route de son côté, le plus dur moment je crois pour moi . . . Depuis il m’arrive de pleurer un peu, de rire aussi, il faut laisser le temps au temps, lui seul peut apaiser la peine, mais ça va aussi bien que possible . . .
Dans ces moments difficiles j’ai pu compter sur votre gentillesse et votre amitié, vous m’avez toutes beaucoup soutenue par vos sms, vos commentaires sur mon blog, vos messages personnels, vos petits mots sur facebook, vos cartes, vos cadeaux, et même par des petits mots sur vos blogs ! Pour tout cela à toutes je dis un immense . . .
MERCI
Désolée si j’ai été un peu longue mais je tenais à vous dire tous ces mots ! Vous comprendrez que je n’ai pas encore envie de parler déco, d’ailleurs rien à vous montrer, alors je vais vous parler de lui, avec ces photos anciennes que j’aime tant, et d’autres plus récentes ! Je ne le veux pas triste ce billet, c’est SA vie, une belle vie longue et bien remplie . . .
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Pierre est né le 17 mars 1927 dans les communs du château de la Monteillerie près de Norolles dans le Calvados, où ses parents étaient jardiniers. Un peu plus de 4 ans après est arrivé Claude, son petit frère. Leur maman était dure, travailleuse et autoritaire, leur papa soumis et un peu porté sur l’alcool. Pas de photos de lui bébé, mais celles-ci un peu plus grand avec son frère Claude, tout seul au milieu, et avec son grand-père Léon, ancien de la guerre 14-18 . . .
Le jour même de ses 14 ans, on est au milieu de la guerre et le château est occupé par l’armée allemande avec laquelle ils arrivent à vivre en bonne intelligence, il quitte l’école pour travailler avec ses parents. Voici le château et Pierre adolescent . . .
Quelques années plus tard, le château jusqu’ici propriété de Laure Brouardel artiste peintre, est vendu et racheté par des religieuses. Pierre reste le seul jardinier, ses parents partent s’installer dans la maison de Léon et deviennent horticulteurs. A 20 ans il part à l’armée, ce sera l’Algérie et Djidjelli, il est ambulancier dans un régiment parachutiste, il en gardera d’excellents souvenirs . . .
De retour en Normandie il ne retourne pas au château ( difficiles à vivre parait-il les sœurs !!! ), il va donc travailler avec ses parents. Mais le temps passe, et Pierre est toujours célibataire ! Pourtant on lui présente de jolies jeunes femmes, mais non, elles ne font pas battre son cœur ! En parallèle de son travail il s’investit beaucoup dans la JAC ( Jeunesses Agricoles Catholiques ) et dans la vie de sa paroisse, il sera toujours très croyant ! Le voici en tenue de jardinier ( avec la cravate ! ) et lors d’une fête de la paroisse . . .
Au bout de quelques nouvelles années il devient jardinier pour d’autres, en particulier chez un pédiatre de la région, et c’est là, à 31 ans, qu’il rencontre Geneviève ma maman, qui partagera sa vie jusqu’à la fin . . .
De cette union sont nés deux (très beaux !!!) enfants ! Pierre se lance à son tour dans l’horticulture, mais ils fera très vite faillite. Il faut vendre la maison tout juste achetée et partir habiter la maison de famille où vit encore la maman de Pierre, cohabitation pas toujours facile ! Pierre retourne travailler pour les autres, et Geneviève fait des ménages. Il s’investit en parallèle dans la société d’horticulture, et devient chevalier du mérite agricole . . .
En 1985 il est fier de conduire sa fille ( moi ! ) à l’autel, et c’est la gorge serrée que je remonterai cette même nef le 21 février, derrière son cercueil cette fois . . .
Et puis vont naitre les petits enfants, 4 petits-fils qu’il adorait, il prend une retraite bien méritée à 65 ans, et en 2008 va se déclarer cette fichue maladie d’Alzheimer, doublée d’une leucémie qui va peu à peu le priver de ses défenses immunitaires. Voici la photo qui était à l’église ce 21 février, tel que tout le monde le connaissait, avec sa cotte et son tablier . . .
Papa était quelqu’un de droit, d’honnête, de profondément humain, c’était un épicurien, il était un artiste dans son genre, il aimait rire, blaguer, était très cultivé, avait des opinions en particulier politiques très arrêtées, et avait du mal à comprendre qu’on pouvait ne pas vivre et penser comme lui ! En fait un homme comme un autre, avec ses défauts et ses qualités . . .
Une dernière photo, celle prise lors du dernier Noël . . .
Je t’aime mon petit papa !
Désolée d’avoir été si longue, je ne suis pas sure que ça vous ait intéressées mais moi ça m’a fait du bien d’en parler, même si je n’ai pu m’empêcher de pleurer devant les dernières photos ! Promis la semaine prochaine je passe à autre chose . . .
Et pour terminer une rose, sa fleur préférée . . .